Musée Beaux-Arts REIMS


Regard sur   . . .      René de Saint-Marceaux

au musée des Beaux-Arts de Reims

 

 MBA-001     En 1922, après le décès de son époux, Marguerite de Saint-Marceaux a fait don au musée des Beaux-Arts de Reims du fonds d’atelier de René de Saint-Marceaux.

      Elle permet ainsi l’enrichissement des collections du musée qui avait vu en 1880 l’entrée du plâtre grandeur nature du célèbre Arlequin, puis en 1907, le legs d’Henry Vasnier, collectionneur et directeur de la maison de champagne Pommery, qui avait ajouté six nouvelles œuvres de Saint-Marceaux.

      Le musée des Beaux-Arts de Reims possède donc un riche fonds de sculptures de Saint-Marceaux (plus de 150) dont la plupart, dans les réserves en attendant la rénovation du musée, sont inconnues du public.

      Du 12 décembre 2015 au 28 février 2016 une exposition temporaire sur le thème de René de Saint-Marceaux a permis au musée de présenter une sélection de sculptures pour commémorer l’artiste en illustrant les différentes périodes de son activité.

 

      Avec l’aimable autorisation et la collaboration active des responsables du musée, voici quelques-unes des œuvres présentées au cours de cette exposition.

 

Les photos et textes sont issus de la brochure « Le Petit Journal n°1 » qui accompagnait l’exposition .
Brochure réalisée par Francine Bouré, Catherine Delot et Marie-Hélène Montout-Richard,
musée des Beaux-Arts de Reims

 


 

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La Jeunesse de Dante

 

1869
Marbre,  137 x 50 x 62 cm
Dépôt Paris, musée d’Orsay, 1930
inv. D. 930.2.1

 » C’est aux courses vagabondes à travers notre ville, jadis si pittoresque, que je dois mes premières vives impressions du monde extérieur. »  René de Saint-Marceaux.
Le poète de la Divine Comédie est représenté assis sur un escabeau, un livre dans les mains ; le style poli et caressant témoigne d’une grande technique ; le drapé de la tunique est admirablement rendu. L’artiste cherche à exprimer les profondeurs du monde intérieur de l’être humain, ses sentiments, ses tourments, ses révoltes. Cette œuvre relève d’une esthétique classique qui privilégie les attitudes simples, élégantes et le respect des proportions. On retrouve dans ce Dante le souvenir du personnage central de la célèbre maison des musiciens, actuellement reconstituée au musée Saint-Remi de Reims, que René avait pu admirer lors de ses promenades dans Reims, sa ville natale. Il s’agit de la première sculpture de l’artiste dont le plâtre fut exposé au Salon de 1868. A la fin de cette année, il partit en Italie se confronter enfin à l’art de la Renaissance italienne. Cette œuvre est achetée par L’État en 1873.

 


 

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Danseuse Arabe

 

1886-1889
Pierre,  260 x 152,5 x 76 cm
Don de Madame de Saint-Marceaux, 1922
inv. D. 922.10.20

Cette danseuse se détache en ronde-bosse d’un portique aux motifs mauresques, entrelacs de dentelles très fouillés. Le rideau qu’elle vient de soulever, retombe derrière elle. Le corps cambré, la tête rejetée en arrière, elle s’avance, chaussée de babouches, dans un mouvement harmonieux. Dans la forme aussi bien que dans le mouvement, elle est sûre de sa puissance, de sa beauté. La ligne est fine et élancée, les courbes sont savamment étudiées avec beaucoup de délicatesse.
Présentée au Salon de 1886, elle a été sans doute conçue lors du voyage du sculpteur en Afrique du Nord. Cette œuvre a été achetée à la galerie Georges Petit par Joseph Reinach, journaliste et homme politique français, connu surtout pour son engagement dans l’affaire Dreyfus. Il en fait don à Marguerite de Saint-Marceaux afin que cette sculpture intègre les collections du musée des Beaux-Arts.

 

 


 

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Arlequin

 

1879
Plâtre et latte en bois, 171 x 65,7 x 62 cm
Don de l’artiste, 1880
inv. 880.19.1

Arlequin, personnage de la commedia dell’arte apparu au XVIe siècle en Italie, porte un costume fait de losanges multicolores. Ceux-ci représenteraient les multiples facettes de sa personnalité. Sa fonction est celle d’un valet comique, connu pour sa bouffonnerie, capable d’inventer toutes sortes de stratagèmes, pirouettes ou acrobaties, mais le reste du temps , il cherche avant tout à dormir et à éviter le moindre effort.
Les bras croisés, les jambes écartées, notre Arlequin est d’une beauté arrogante ; il pose dans une attitude altière, le sourire suspendu. Ses vêtements soulignés de surpiqûres accusent les belles courbes de son corps. Œuvre d’un naturalisme très marqué, certains ont même pensé qu’il était un moulage sur modèle vivant  car la justesse d’expression laisse transparaître l’intimité. L’allure générale est surprenante, étonnante. On retrouve l’esprit d’Arlequin, le fourbe, l’effronté, au sourire plein d’impertinence. Sa beauté est audacieuse et virile à la fois.
Cette œuvre phare du salon de 1880, s’est déclinée en de nombreuses versions qui ont participé, de manière peut-être trop exclusive, à la renommée de René de Saint-Marceaux.

 


 

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Madame de Saint-Marceaux

 

1894

Plâtre, 56,8 x 60 x 34 cm

Don Baugnies, 1937

inv. 937.3.1

 

Ce plâtre serait une copie d’après le marbre réalisé en 1894, deux ans après son mariage avec Marguerite Jourdain, veuve du peintre Eugène Baugnies. D’autres représentations de son épouse dite Meg existent aussi sous forme de masques en terre cuite et sont conservées au musée des Beaux-Arts de Reims. Ce buste est à rapprocher du tableau que Jacques Baugnies fait de sa mère en 1899.

 

 


 

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Grand Deuil – Madame de Saint-Marceaux

 

1903

Marbre blanc, 70 x 46.5 x 43,5 cm

Don Madame de Saint-Marceaux, 1922

inv. 922.10.68

 

Ce buste connait un vif succès au Salon de 1903 et témoigne de la place importante que l’artiste accorde aux travaux exécutés pour son entourage. Dans cette oeuvre, l’émotion est contenue, le visage est serein mais froid. On sent la retenue du personnage. Drôle de choix que sa propre épouse pour cette thématique. Est-ce la vision de Marguerite éprouvée par la perte d’un proche ? ou est-ce l’envie trouble de fixer par le biais de ce marbre froid l’impact de son propre décès sur cette dernière ? Nous savons que Saint-Marceaux travaillait dans le même temps à leur tombe érigée à Cuy-Saint-Fiacre.

 

 


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Gisant de l’Abbé Miroy

 

1872….….Bronze, 202 x 89 x 34,5 cm….….Dépôt de la ville de Reims, service Etat Civil, 2012….….inv. D.2012.1.2

Commandée en 1871 par la Ville de Reims, cette œuvre s’apparente aux gisants italiens du XVe siècle, mais n’en a ni la sérénité, ni la paix. Dans l’iconographie chrétienne, ce thème est parmi les plus dramatiques et les plus émouvants : il représente le passage de la vie à trépas, l’instant fatal, suscitant chez les fidèles un intense sentiment de compassion affective et spirituelle pour le mourant.
Ce gisant est de loin la sculpture la plus émouvante des pièces funéraires de René de Saint-Marceaux. Très finement sculptée, d’un réalisme parfait, la pose, les détails vestimentaires confèrent à l’œuvre un aspect particulièrement dramatique. Dans le spasme ultime, les reins sont fléchis, une jambe a glissé sous l’autre. Instant saisi dans sa brutalité, figé à jamais, l’abbé est représenté tombant, frappé par les balles ennemies et rendant le dernier soupir comme un juste ; fidèle et douloureuse image de la mort si digne et si courageuse.
Véritable acte politique en réponse à l’exécution par les prussiens de l’abbé Miroy (soupçonné d’avoir caché des armes) alors que l’Armistice était signé. Ce monument en l’honneur de l’acte résistant fut élevé par souscription. L’aspect pathétique de cette oeuvre frappait le visiteur, lorsqu’elle se trouvait au cimetière du Nord, et elle était constamment fleurie. Par mesure de protection, le bronze est déposé par les services municipaux en 2006. Depuis 2012, il est conservé aux musée des Beaux-Arts de Reims, qui détenait déja dans ses collections des moulages en plâtre des mains de cette œuvre, don de Marguerite en 1922.

 


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La Faute

 

Entre 1892 et1894
Plâtre, 152 x 92 x 46 cm
Don de Madame de Saint-Marceaux, 1922
inv. D. 922.10.6

 

« Repliée sur elle-même dans un mouvement de pudicité tardive, la tête enfouie dans ses mains, les mains enfouies dans les blés et les fleurs qui lui servent de couche, tous les membres complices de la « faute » se pressant les uns aux autres cherchant à fuir les regards, le tout semblable à la fleur qui se referme dans l’attouchement brutal …« ……René de Saint-Marceaux, 1894.

 

Ensemble gracieux et souple où les lignes pures ondulent, flexibles et serpentines ; une gerbe de blé servant de couche s’étale comme les pétales d’une fleur disposés en auréole. Mi-Eve, mi-déesse, cette figure nue s’enfonce dans la végétation d’un mouvement noble et voluptueux à la fois. Admirable nu aux formes opulentes, c’est pour les uns un véritable poème à la chair féminine par la douceur et l’harmonie de son anatomie, pour les autres un modelé un peu lâche.
Ce plâtre est présenté au Salon de 1892, puis le marbre en 1894 au salon de la Société nationale des Beaux-Arts, évoqua en son temps la Danaïde en marbre de Rodin; En 1902 Saint-Marceaux reprendra ce thème de la femme couchée dans les blés avec finesse et nuance : L’été, bas-relief en marbre qui est également conservé au musée des Beaux-Arts de Reims.

 


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Tête de femme arabe

 

Terre cuite sur socle en pierre,   40,5 x 18,2 x 19,5 cm
Don de Madame de Saint-Marceaux, 1922
inv. D. 922.10.74

 

Tout comme Danseuse arabe, ce masque est certainement inspiré des voyages de Saint-Marceaux en Espagne puis dans les pays d’Afrique du Nord entre 1874 et 1879. La tête parée de bijoux, les yeux clos, la bouche fermée, le visage serein, elle semble plongée dans un monde intérieur. Cette expression peut aussi se retrouver dans une toile du peintre symboliste Odile Redon, Les Yeux clos.

 

 


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L’Amérique – L’Europe – L’Afrique – L’Asie

Maquettes du monument pour l’Union postale universelle, Berne

1907 – 1909 ….….Terre cuite sur socle en pierre….…. Don Madame de Saint-Marceaux, 1922
inv. 922.10.25   –   inv. 922.10.66   –   inv. 922.10.72   –   inv.922.10.92

En 1904, René de Saint-Marceaux reçoit de la ville de Berne, en Suisse, une commande officielle pour un monument de l’Union postale universelle (UPU, une des plus anciennes organisations internationales, créée en 1874). Inaugurée en 1909, l’œuvre représente les cinq continents, sous les traits de figures allégoriques en suspension autour d’une immense sphère, flottant sur un site montagneux évoquant la Suisse
L’artiste semble ici prolonger ses recherches commencées avec Nos destinées, sculpture audacieuse et tragique présentée au Salon de 1898. Toutefois le thème des « figures volantes » sans aile (ces figures, empruntées à l’Antiquité classique, ont perdu leurs ailes à la fin du XIXe siècle) confère ici un dynamisme heureux très différent du caractère symboliste de l’œuvre de 1898. La légèreté et l’apesanteur caractérisent ce projet ambitieux qui fait écho aux Quatre Parties du monde de Carpeaux pour la fontaine de l’Observatoire de jardin du Luxembourg à Paris (1872) : elles renouvelle l’esthétique du monument.
En plus de ces maquettes, le musée des Beaux-arts conserve certains fragments du modèle en plâtre, notamment les figures représentant les cinq continents dont la ronde formée autour du globe évoque le trafic postal.
Aujourd’hui, le monument en bronze et granit est toujours visible à Berne, il est devenu le logo de l’UPU. D’autres sculptures monumentales de saint-Marceaux sont visibles à Paris : Monument à Alexandre Dumas (place Malesherbes), Alphonse Daudet (Champs Elysées), Tombe d’Alexandre Dumas fils (cimetière Montmartre), Tombe de Tirard (Père Lachaise), etc.

 


 

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Le premier baiser

 

Bronze, 18 x 14 x 10,7 cm – Fonte Claude Valsuani

Don de Madame de Saint-Marceaux, 1922

inv. D. 922.10.45

 

Dans cette œuvre, l’artiste fait preuve de maîtrise de la matière et d’une grande habilité dans le rendu  des visages des jeunes gens, ils respirent la jeunesse, les traits sont à peine marqués, ils sont habités de vie. Action fugitive, éternisée pour les regards indiscrets, ce baiser timide dégage charme et pureté.
Le choix de la technique du modelage donne un coté fusionnel à cette statuette dont la thématique peut évoquer l’audacieux Baiser, sculpture en marbre d’un couple enlacé, créé par auguste Rodin à la demande de L’État français pour l’Exposition universelle de Paris de 1889.
L’unique exemplaire réalisé en marbre a figuré à l’exposition de la Société des amis des arts en 1886 et a été acheté par madame Pommery.

 


 

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Le Dieu Pan. Terme et faunesse

 

Terre cuite, 40,6 x 12,2 x 12,57 cm

Legs Vasnier, 1907

inv. D. 907.19.405

 

Dans l’œuvre de Saint-Marceaux il y a très peu de sculptures de groupes. Cette figure de fantaisie est aussi nommée Terme et faunesse, le titre de Dieu Pan se justifie par la présence, semble-t-il, de petites cornes sur le haut du crâne de la figure masculine. La faunesse, toute en sensualité, se jette éperdument au cou du dieu figé dans son statut de Terme. Le visage enfoui dans sa barbe, les lèvres appuyées sur sa bouche, elle semble éveiller ce buste froid, c’est peut-être là que réside l’érotisme de cette statuette – un des nus les plus audacieux de Saint-Marceaux. Elle a été achetée en 1893 à Paris par Henry Vasnier, grand collectionneur et donateur du musée des Beaux-Arts de Reims

 


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Le Sphinx

 

1901
Plâtre, 27 x 14 x 20 cm
Don de Madame de Saint-Marceaux, 1922
inv. 922.10.36

 

Cette tête émergeant d’un bloc de pierre, au large visage à peine dégagé de la matière, les yeux clos évoquant un repli sur soi, sur un monde intérieur, les lèvres épaisses, le crâne rasé, semble bien mystérieuse. Sphinx moderne faisant référence à l’antique et associé au mythe d’Œdipe, cette figure semble vouloir nous soumettre aux énigmes de notre destinée. Référence aussi à l’Égypte où le sphinx est le gardien mystérieux des grandes pyramides, il rappelle que Saint-Marceaux entreprit de nombreux voyages (Italie, Grèce, Espagne, Maroc…) et qu’il fut un collectionneur érudit, possédant aussi bien des céramiques grecques, que des tapisseries gothiques ou des fragments de bas-reliefs égyptiens.

 


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Tête de jeune paysan

 

1881
Terre cuite, socle en marbre, 53 x 31 x 24 cm
Achat, 1992
inv. 992.5.1

 

À l’arrière, sur le côté est incisé dans la terre « STMARCEAUX / ROYAT 1881 ». Royat est une ville d’Auvergne qui soigne, encore aujourd’hui, les rhumatismes. De santé fragile, René y effectue une cure en 1881. Cette œuvre est certainement inspirée par les personnes croisées lors de ce séjour. Ce buste est acquis par le musée des Beaux-Arts de Reims en 1992.

 


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Paysanne

 

1881
Bronze, socle en marbre, 20,2 x 9 x 7,5 cm
Fonte Claude Valsuani
Don Madame de Saint-Marceaux,1922
inv. 992.10.71

 

L’esquisse originale en terre est conservée au musée du Petit Palais à Paris. Par quelques indications de modelé, l’artiste a su capter sur le vif l’attitude de cette paysanne se reposant. Cette forme de naturalisme est assez rare chez Saint-Marceaux. Elle s’estompe rapidement au profit d’œuvres à caractère symboliste ou plus simplement dans lesquelles l’expression de l’idée domine.

 


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Fille de ferme

 

1885
Bronze, 72,8 x 27,5 x 24,5 cm
Fonte Pierre Bingen
Legs Vasnier, 1907
inv. 907.19.400

 

L’artiste représente cette jeune fille dans une attitude familière, vêtue de son costume traditionnel. Fillette au doux visage, les traits réguliers, elle se tient debout, les manches relevées, tenant un coin de son tablier. La tête détournée, un foulard maintient ses cheveux. Saint-Marceaux a réalisé des bustes de paysans, paysannes, mais rarement des œuvres en pied de ce type de personnage. Celle-ci a été acquise à Reims en 1886 lors de l’exposition de la Société des amis des arts de Reims par Henry Vasnier, qui la légua au musée des Beaux-Arts en 1907 avec grand nombre de chefs-d’œuvre.

 


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