Soirée Danseuse arabe – 17 septembre 2019

 

Compte Rendu de la Soirée du 17 sept 2019

au Musée des Beaux-Arts de Reims autour de la Danseuse arabe

Cette soirée Saint-Marceaux EXCEPTIONNELLE s’est déroulée dans ce lieu exceptionnel  puisqu’il va fermer pour rénovation.
     
      Nous sommes accueillis dans l’entrée du musée actuel par deux œuvres de René de Saint-Marceaux : La jeunesse de Dante et la Danseuse arabe.

Soirée_septembre_2019

La jeunesse de Dante est présentée en plâtre Salon, 1868, puis l’année suivante en marbre. C’est une des premières œuvres reconnues de Saint-Marceaux avec un buste du Dr Alexandre Henrot, (1865) qui a soigné les douloureux rhumatismes articulaires de Saint-Marceaux , malade dès son jeune âge.
      Le sculpteur a travaillé le marbre pour faire affleurer les sentiments, affleurer la vie intérieure sur le visage du jeune Dante. Saint-Marceaux poursuivra cette recherche tout au long de sa carrière : recréer l’expression des sentiments.

Entre Dante et la Danseuse, deux œuvres importantes :
     * Buste d’Ernest Renan, terre cuite, 1883.   Saint-Marceaux lit les textes de Renan, il en discute, il baigne dans ce bouillonnement intellectuel et subit l’influence de ce remarquable penseur.
      * La Musique, marbre, 1885.   1ère œuvre féminine, allégorie de la musique, représentée sous les traits d’une très jeune femme qui joue de la harpe.

La Danseuse arabe, plâtre en 1886, pierre en 1887.
      Érotique ou indécente, elle n’a pas fait scandale comme le groupe de Carpeaux « Le Génie de la DANSE », en 1869, ou La petite DANSEUSE de 14 ans de Degas, en 1881.
      Les esquisses montrent que Saint-Marceaux a hésité quant à la nudité et à l’attitude de sa danseuse. Saint-Marceaux verra les débuts d’Isadora Duncan chez lui, dans le salon de sa femme, grande musicienne. La danseuse américaine, presque nue, a apporté un nouveau style de danse plus naturelle, plus inventive comme celle des ballets russes ou asiatiques.
      La Danseuse arabe sort d’un espace clos par une tenture et offre son jeune corps aux regards du public. Elle nous transporte dans une autre civilisation, avec d’autres sonorités, d’autres couleurs, d’autres coutumes, d’autres costumes. Cette statue semble sortie d’un conte des 1000 et une nuits à la porte d’un palais oriental.

Danseuse_arabe_01

 

Danse orientale de Houria et Clélia de la Compagnie des Orientales en couleur.

Le rêve s’est enfui, restons encore un peu en Orient avec Saint-Marceaux et la Danseuse qu’il a immobilisée dans un de ses mouvements.

Danse_orientale

      Saint-Marceaux a réalisé deux œuvres autour de la danseuse arabe : une Tête de femme arabe en pierre et le petit masque en terre cuite a été moulé sur ce visage. Ils se trouvent à la suite l’un de l’autre dans le diaporama présenté dans l’entrée.

      Les courbes de la « Danseuse arabe » rappellent celles de la Vigne. Cette statue est une commande de la Ville de Reims datée de 1880, année du succès de StM avec l’Arlequin. . Elle est installée en 1905 dans la cour centrale grâce à la générosité de la mère de Saint-Marceaux. Elle a traversé les deux guerres mais les jets d’eau qui jaillissaient du bec des quatre grives du socle ont disparu. C’est dommage car la jolie naïade perd ainsi le mouvement ascendant et la fraîcheur que donnaient les jets d’eau.

      La recherche du mouvement que Saint-Marceaux a poursuivie tout au long de sa carrière commence avec Le Génie gardant le secret de la tombe, exposé actuellement au musée d’Orsay. La position des jambes rappelle celle du citoyen de la place Royale de Reims. La statue, très classique, obtient la 1ère médaille de sculpture et la médaille d’honneur du salon contre l’avis de certains membres du jury.

      La recherche de Saint-Marceaux se poursuit avec le Monument à Alexandre DUMAS.  En 1906, Saint-Marceaux est chargé d’élever un monument à la mémoire du grand écrivain Alexandre Dumas qu’il connaît bien. Les figures féminines commencent à se libérer du support : la plus haute décolle littéralement du socle.

      Saint-Marceaux intitule l’étape suivante Les Destinées, 1898.  C’est un ensemble de femmes suspendues dans l’air comme si elles volaient, mais sans ailes, de grandes dimensions 3 mètres x 1,5 mètre x 1,4 mètre. Le plâtre, donné au musée de Reims en 1931, a été détruit. Anecdote de l’inspiration de Saint-Marceaux par un ciel nuageux à Cuy-Saint-Fiacre .
      Saint-Marceaux tente de lutter contre l’érosion de ses visions, de ses rêves ; il les sculpte dans un peu de glaise, avec ses mains ; ouvrier de la matière, il crée des formes, un univers, SON univers, il est un peu démiurge.

Conte musical, Catherine et Didier

Conte musical

Et de son geste créateur, Saint-Marceaux bâtit un monument immense de 10 m de haut qui devint le symbole de la circulation internationale des communications.
      C’est le grand œuvre de Saint-Marceaux, méprisé, oublié parce qu’ « utilitaire » : le Monument de l’UPU  (Union Postale Universelle).
Un globe terrestre entouré de 5 messagères flotte au dessus d’une chaîne de montagnes , sous le regard d’une femme assise, symbole de la Suisse.

Cette image parle à tout le monde et à chacun quelque soit sa langue ou sa culture.

Le monument est devenu le logo de la Poste internationale, on l’utilise encore aujourd’hui ;
      * il apparaît sur un grand nombre de timbres de tous pays.
      * il circule dans le monde entier.

 » J’ai évolué, dit Saint-Marceaux, dans un esprit très déterminé en dépit des apparences,
et j’ai voulu avec patience ce que je viens enfin de pouvoir tenter « .

      Saint-Marceaux ne vivait que pour la sculpture ; Marguerite, son épouse, ne vivait que pour la musique. Le salon musical de Marguerite a pris une ampleur nouvelle à partir de son mariage en 1892 avec le sculpteur.
      C’était un salon réputé fréquenté bien sur par beaucoup de musiciens, compositeurs ou interprètes, mais aussi par des peintres, architectes, écrivains, critiques d’art, historiens, avocats, médecins, scientifiques et personnalités du Tout-Paris mondain : Isadora Duncan Colette, Marcel Proust ( cf Mme Verdurin) , Gabriel Fauré, Maurice Ravel et Claude Debussy

      Saint-Marceaux n’était pas passionné de grande musique. Il ne l’aimait que par « persuasion et docilité conjugale » et parce qu’il était difficile de résister à « la conviction mélomanique communicative «  de Marguerite, disaient certains invités.
      Il n’appréciait pas les mondanités. Marguerite écrit dans son Journal « Un jeudi très brillant où René promène son ennui dévoué ». (Journal 15 déc. 1910). Il disparaît « à l’anglaise » à 11h moins 1/4 tapant.

Nous allons le laisser partir se reposer et franchir la porte qui nous mène au salon voisin pour écouter la musique qui était jouée dans les salons de Marguerite de Saint-Marceaux.

QUATUOR issu de l’orchestre Euphony

Quatuor

 

Lucette Turbet  – 17 OCT 2019.

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